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Presentation
Le Lâche des Carnets d’Albert Camus
69th Annual Rocky Mountain Modern Language Association Convention (2015)
  • Jason Herbeck
Abstract
Dès la toute première page du Cahier I (mai 1935) d’Albert Camus repris dans les Œuvres complètes de la collection de la Pléiade (Gallimard, 2006, 2008), est évoqué le propre du lâche. Âgé alors de vingt ans, Camus témoigne de l’état de pauvreté qui lui paraît « le sens vrai de la vie » et ajoute : « Ce qui compte aussi, ce sont les mauvaises hontes, les petites lâchetés, la considération inconsciente qu’on accorde à l’autre monde (celui de l’argent) » (OC II, 795). Au cours des plus de vingt ans qui suivent, le mot lâche, sous de divers aspects et dérivations, apparaîtra plus de vingt-cinq fois dans les cahiers de l’écrivain. (1) Or, la fréquence avec laquelle Camus emploiera le terme dans ses essais et œuvres fictives pendant ces mêmes années ne reflète guère une même préoccupation avec ce qu’il appelle, en septembre 1939, « cette montée universelle de lâcheté » (OC II, 887). Dans cette communication, je propose de me pencher sur le lâche des Carnets camusiens—figure d’autant plus importante qu’elle s’oppose d’emblée et à l’homme absurde et à l’homme révolté, et que, lors de la guerre franco-algérienne, Camus lui-même se voit traiter de lâche faute de s’être suffisamment engagé dans un conflit qui le trouve doublement impliqué. Dans un premier temps, sera étudiée la transformation manifeste du lâche—c’est-à-dire, la manière dont l’être qui se caractérise en 1935 comme riche et inconscient du monde qui l’entoure, évolue en l’intellectuel qui, en 1956, compense son impuissance d’agir par « une surenchère verbale » (OC IV, 1241). Dans un deuxième temps, nous juxtaposerons ces différentes manifestations du lâche avec celles qui, de manière analogue, font parfois surface dans les œuvres fictive et philosophique de l’auteur. Enfin, nous proposons de situer Camus par rapport au lâche de ses Carnets. Il s’agira alors non seulement d’examiner dans quelle mesure Camus s’est lui-même identifié avec ce(s) lâche(s) mais de réfléchir sur sa « chute » sous l’impulsion des études postcoloniales francophones aux années 1980 et 1990, et les raisons pour lesquelles l’on parle de Camus aujourd’hui—qui ce soit dans le contexte du Printemps arabe ou celui des désastres naturels dont notamment le tsunami au Japon et le séisme en Haïti. (1) Les neuf « cahiers » de Camus ont été publiés chez Gallimard sous le nom de Carnets en trois volumes (1962, 1964, 1989).
Publication Date
October 8, 2015
Citation Information
Jason Herbeck. "Le Lâche des Carnets d’Albert Camus" 69th Annual Rocky Mountain Modern Language Association Convention (2015)
Available at: http://works.bepress.com/jason_herbeck/30/