Cet article soulèves trois remarques sur la litérature scientifique relative au risque de récidive. La première remarque concerne la tendance de certains spécialistes à minimiser les difficultés fondamentales liées à la recherche empirique dans le domaine de la récidive. La seconde consiste a montrer que contrairement à d'autres champs, les chercheurs qui interprêtent les résultats des suivis de cohorte sur le risque de récidive ont souvent tendance à voir le verre à moitié plein. Enfin, j’aimerais montrer que la tâche confiée aux scientifiques dans le contexte actuel revient au final à déléguer à des techniciens des questions éthiques dont ne nous ne voulons (et ne pouvons ?) pas assumer la responsabilité. Très concrètement, au cœur de la question de la prédiction de la récidive se trouve la question du risque et du sacrifice : combien somme-nous prêts à sacrifier de personnes qui ne récidiveront pas pour repérer une personne qui récidivera. Nous n’avons pas de questionnement de ce type dans le débat public, mais les scientifiques sont contraints d’employer quelque chose qui ressemble à un ratio de ce type pour déterminer quel est le meilleur outil à leur disposition. En fait, une majeure partie de leur recherche consiste à comparer de tels ratios. .