« L’introduction […] de nouveaux degrés de punition a été souvent justifiée, […] par l’argument que l’augmentation de la criminalité résulte d’une indulgence excessive […]. Aucun examen sérieux n’a cependant été entrepris pour démontrer cette relation ». C’est ce qu’écrivaient en 1939 Rusche et Kirchheimer, auteurs du célèbre ouvrage Peine et structure sociale. Quatre-vingt ans plus tard leur souhait est semble-t-il comblé, avec plusieurs milliers de travaux scientifiques prétendant mesurer l’efficacité des peines, et notamment du recours à la prison, mais il semble que la cacophonie a remplacé le vide, et qu’on trouve à présent des études pour dire tout et son contraire. Ce mémoire articule deux problématiques auquel fait face la production académique de ce savoir. D’abord le problème d’une opacification de la recherche au cours du XXème siècle, du fait de la massification de la publication scientifique, de la compartementalisation des problématiques et de la complexification des modèles employés. Ensuite, le problème de l'hétérogénétié des regards, c’est à dire de l’explication des différences de résultats par des différences de point de vue et non par des seules différences de contexte dans la "réalité" observée. L’hypothèse est que ces problématiques sont liées, c’est-à-dire que les domaines de recherches les plus opaques sont également ceux où le positionnement de l’auteur est le plus déterminant.